RAPPORT AU CONSEIL DE L'EUROPE, VERSION PROVISOIRE
Par Pierre Lévy, Professeur à l'Université Paris-8 St Denis
CYBER-CULTURE, ou l'universel sans totalité
"En effet, l'événement culturel majeur annoncé par l'émergence du cyberespace est le débrayage entre ces deux opérateurs sociaux ou machines abstraites (bien plus que des concepts!) que sont l'universalité et la totalisation. La cause en est simple : le cyberespace dissout la pragmatique de communication qui, depuis l'invention de l'écriture, avait conjoint l'universel et la totalité. Il nous ramène, en effet, à la situation d'avant l'écriture - mais à une autre échelle et sur une autre orbite - dans la mesure où l'interconnexion et le dynamisme en temps réel des mémoires en ligne fait de nouveau partager le même contexte, le même immense hypertexte vivant aux partenaires de la communication. Quel que soit le message abordé, il est connecté à d'autres messages, à des commentaires, à des gloses en évolution constante, aux personnes qui s'y intéressent, aux forums où l'on en débat ici et maintenant. N'importe quel texte est le fragment qui s'ignore peut-être de l'hypertexte mouvant qui l'enveloppe, le connecte à d'autres textes et sert de médiateur ou de milieu à une communication réciproque, interactive, ininterrompue. Sous le régime classique de l'écriture, le lecteur est condamné à réactualiser le contexte à grand frais, ou bien à s'en remettre au travail des Églises, des institutions ou des Écoles, acharnées à ressusciter et boucler le sens. Or aujourd'hui, techniquement, du fait de l'imminente mise en réseau de toutes les machines de la planète, il n'y a quasiment plus de messages "hors contexte", séparés d'une communauté active. Virtuellement, tous les messages sont plongés dans un bain communicationnel grouillant de vie, incluant les personnes elles-mêmes, dont le cyberespace apparaît progressivement comme le coeur. La Poste, le Téléphone, la Presse, l'Edition, les Radios, les innombrables chaînes de Télévision forment désormais la frange imparfaite, les appendices partiels et tous différents d'un espace d'interconnexion ouvert, animé de communications transversales, chaotique, tourbillonnant, fractal, mû par des processus magmatiques d'intelligence collective. Certes, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve informationnel, mais la densité des liens et la rapidité des circulations sont telles que les acteurs de la communication n'ont plus de difficulté majeure à partager le même contexte, même si cette situation est quelque peu glissante, floue et souvent brouillée.
L'interconnexion généralisée, utopie minimale et moteur primaire de la croissance de l'Internet, émerge comme une forme nouvelle de l'universel. Attention! Le processus en cours d'interconnexion mondiale réalise bel et bien une forme de l'universel, mais ce n'est pas la même qu'avec l'écriture statique. Ici, l'universel ne s'articule plus sur la clôture sémantique appelée par la décontextualisation, tout au contraire. Cet universel ne totalise plus par le sens, il relie par le contact, par l'interaction générale."
Ce texte est extrait du document complet dont vous avez le lien ci-dessous. Lisez le intégralement et rédigez une synthèse de la vision que vous avez de la cyberculture.
Extrait de : http://hypermedia.univ-paris8.fr/pierre/cyberculture/cyberculture.html
Cyber-culture et info-éthique
La cyber-culture est une culture en voie d'émergence.
Elle accompagne le développement d'Internet, du cyber-espace, mais aussi des nouvelles techniques de représentation (images numériques, réalité virtuelle, télévirtualité, communautés virtuelles...).
Elle est fondamentalement liée à la mondialisation en cours, et aux bouleversements culturels, sociaux, politiques ainsi induits.
Elle s'appuie sur des schémas mentaux, des modes d'appropriation sociale, des pratiques artistiques très différents de ceux que nous connaissions jusqu'alors. La navigation abstraite dans des paysages d'informations et de connaissances, la création de groupes de travail virtuels à l'échelle mondiale, les nombreuses formes d'interaction possibles entre les cybernautes et leurs mondes virtuels créent autant de comportements novateurs dont on n'a pas fini d'étudier les retombées sociales et culturelles.
Mais sans doute le plus important est que cette culture nous provoque et nous oblige à reposer à nouveau d'anciennes questions: quelle civilisation voulons-nous bâtir au XXIème siècle? De quelles solidarités aurons-nous besoin dans un monde désormais intimement interdépendant? Quel sera la place de la personne humaine dans un monde de plus en plus dominé par les machines et les logiques abstraites?
Au cœur de la cyber-culture se noue donc un enjeu profondément éthique. Il s'agit de bien plus que de définir un code de conduite sur Internet ou de réguler le commerce électronique. Il s'agit d'un débat nécessairement démocratique sur l'avenir de la société mondiale, avec la participation la plus large possible des intéressés, c'est-à-dire des (bientôt...) six milliards de citoyens planétaires.
Le monde a besoin d'une vision, d'un projet qui puisse tenir compte de tous, en particulier des plus pauvres et des plus déshérités. Ce sont eux en effet qui détiennent la clé du futur. Si nous n'en tenons pas compte, nous irons collectivement à notre perte, eux avec nous. Si nous leur rendons leur vraie place, comme personnes humaines, et à ce titre infiniment précieuses, alors c'est nous qu'ils rendront plus riches de leurs différences, de leur développement. Ce sont eux qui créeront les conditions durables de la paix. Ce sont eux qui nous révéleront ce que nous ne pouvions pas voir, ce que nous n'étions pas capables de nous avouer sur nous-mêmes, les étroites limites dans lesquelles nous nous enfermions, les égoïsmes et les myopies. Comme l'écrit Riccardo Petrella, "le bien commun est représenté par l'existence de l'autre". Et celui qui se trouve être le plus défavorisé, est le plus "autre", justement parce qu'il est le plus défavorisé. Il est donc celui qui représente le mieux le véritable bien commun. C'est cela l'éthique dont nous avons besoin, et c'est à cette fin que la véritable culture doit s'attacher: faire exister l'autre.
Nous l'avons dit: la cyber-culture est une culture de "gouvernail" et de "gouvernement": navigation et gouvernement de soi-même, gouvernement du collectif, gouvernement de personnes libres s'assemblant virtuellement sur la nouvelle agora du monde.
Le cyber nous fournit un "gouvernail", ce qui est beaucoup. Mais il nous revient de nous donner un cap. Et le meilleur cap, c'est "l'autre".
Extrait de: http://ciret-transdisciplinarity.org/bulletin/b12c7.php par Philippe Quéau
CYBER-MUSEE : MuseoMix ou l'esprit du Web qui souffle sur les musées
http://www.rslnmag.fr/post/2013/01/09/MuseoMix-quand-lesprit-du-web-souffle-sur-les-musees.aspx
CYBER-JOURNALISME
Le journalisme doit s'ouvrir selon Simon Rogers, data-journaliste pour The Guardian, lors de la conférence TEDx Panthéon Sorbonne dont vous trouverez un compte-rendu dans le lien URL ci-dessous.
http://www.rslnmag.fr/post/2013/01/03/Le-journalisme-de-donnees-est-il-le-nouveau-mouvement-punk-.aspx
DEMAIN TOUS CYBER-JOURNALISTES ?
Knight Center concludes its first massive open online course with outstanding student reviews
http://knightcenter.utexas.edu/blog/00-12349-knight-center-concludes-its-first-massive-open-online-course-outstanding-student-revie
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Par Pierre Lévy, Professeur à l'Université Paris-8 St Denis
CYBER-CULTURE, ou l'universel sans totalité
"En effet, l'événement culturel majeur annoncé par l'émergence du cyberespace est le débrayage entre ces deux opérateurs sociaux ou machines abstraites (bien plus que des concepts!) que sont l'universalité et la totalisation. La cause en est simple : le cyberespace dissout la pragmatique de communication qui, depuis l'invention de l'écriture, avait conjoint l'universel et la totalité. Il nous ramène, en effet, à la situation d'avant l'écriture - mais à une autre échelle et sur une autre orbite - dans la mesure où l'interconnexion et le dynamisme en temps réel des mémoires en ligne fait de nouveau partager le même contexte, le même immense hypertexte vivant aux partenaires de la communication. Quel que soit le message abordé, il est connecté à d'autres messages, à des commentaires, à des gloses en évolution constante, aux personnes qui s'y intéressent, aux forums où l'on en débat ici et maintenant. N'importe quel texte est le fragment qui s'ignore peut-être de l'hypertexte mouvant qui l'enveloppe, le connecte à d'autres textes et sert de médiateur ou de milieu à une communication réciproque, interactive, ininterrompue. Sous le régime classique de l'écriture, le lecteur est condamné à réactualiser le contexte à grand frais, ou bien à s'en remettre au travail des Églises, des institutions ou des Écoles, acharnées à ressusciter et boucler le sens. Or aujourd'hui, techniquement, du fait de l'imminente mise en réseau de toutes les machines de la planète, il n'y a quasiment plus de messages "hors contexte", séparés d'une communauté active. Virtuellement, tous les messages sont plongés dans un bain communicationnel grouillant de vie, incluant les personnes elles-mêmes, dont le cyberespace apparaît progressivement comme le coeur. La Poste, le Téléphone, la Presse, l'Edition, les Radios, les innombrables chaînes de Télévision forment désormais la frange imparfaite, les appendices partiels et tous différents d'un espace d'interconnexion ouvert, animé de communications transversales, chaotique, tourbillonnant, fractal, mû par des processus magmatiques d'intelligence collective. Certes, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve informationnel, mais la densité des liens et la rapidité des circulations sont telles que les acteurs de la communication n'ont plus de difficulté majeure à partager le même contexte, même si cette situation est quelque peu glissante, floue et souvent brouillée.
L'interconnexion généralisée, utopie minimale et moteur primaire de la croissance de l'Internet, émerge comme une forme nouvelle de l'universel. Attention! Le processus en cours d'interconnexion mondiale réalise bel et bien une forme de l'universel, mais ce n'est pas la même qu'avec l'écriture statique. Ici, l'universel ne s'articule plus sur la clôture sémantique appelée par la décontextualisation, tout au contraire. Cet universel ne totalise plus par le sens, il relie par le contact, par l'interaction générale."
Ce texte est extrait du document complet dont vous avez le lien ci-dessous. Lisez le intégralement et rédigez une synthèse de la vision que vous avez de la cyberculture.
Extrait de : http://hypermedia.univ-paris8.fr/pierre/cyberculture/cyberculture.html
Cyber-culture et info-éthique
La cyber-culture est une culture en voie d'émergence.
Elle accompagne le développement d'Internet, du cyber-espace, mais aussi des nouvelles techniques de représentation (images numériques, réalité virtuelle, télévirtualité, communautés virtuelles...).
Elle est fondamentalement liée à la mondialisation en cours, et aux bouleversements culturels, sociaux, politiques ainsi induits.
Elle s'appuie sur des schémas mentaux, des modes d'appropriation sociale, des pratiques artistiques très différents de ceux que nous connaissions jusqu'alors. La navigation abstraite dans des paysages d'informations et de connaissances, la création de groupes de travail virtuels à l'échelle mondiale, les nombreuses formes d'interaction possibles entre les cybernautes et leurs mondes virtuels créent autant de comportements novateurs dont on n'a pas fini d'étudier les retombées sociales et culturelles.
Mais sans doute le plus important est que cette culture nous provoque et nous oblige à reposer à nouveau d'anciennes questions: quelle civilisation voulons-nous bâtir au XXIème siècle? De quelles solidarités aurons-nous besoin dans un monde désormais intimement interdépendant? Quel sera la place de la personne humaine dans un monde de plus en plus dominé par les machines et les logiques abstraites?
Au cœur de la cyber-culture se noue donc un enjeu profondément éthique. Il s'agit de bien plus que de définir un code de conduite sur Internet ou de réguler le commerce électronique. Il s'agit d'un débat nécessairement démocratique sur l'avenir de la société mondiale, avec la participation la plus large possible des intéressés, c'est-à-dire des (bientôt...) six milliards de citoyens planétaires.
Le monde a besoin d'une vision, d'un projet qui puisse tenir compte de tous, en particulier des plus pauvres et des plus déshérités. Ce sont eux en effet qui détiennent la clé du futur. Si nous n'en tenons pas compte, nous irons collectivement à notre perte, eux avec nous. Si nous leur rendons leur vraie place, comme personnes humaines, et à ce titre infiniment précieuses, alors c'est nous qu'ils rendront plus riches de leurs différences, de leur développement. Ce sont eux qui créeront les conditions durables de la paix. Ce sont eux qui nous révéleront ce que nous ne pouvions pas voir, ce que nous n'étions pas capables de nous avouer sur nous-mêmes, les étroites limites dans lesquelles nous nous enfermions, les égoïsmes et les myopies. Comme l'écrit Riccardo Petrella, "le bien commun est représenté par l'existence de l'autre". Et celui qui se trouve être le plus défavorisé, est le plus "autre", justement parce qu'il est le plus défavorisé. Il est donc celui qui représente le mieux le véritable bien commun. C'est cela l'éthique dont nous avons besoin, et c'est à cette fin que la véritable culture doit s'attacher: faire exister l'autre.
Nous l'avons dit: la cyber-culture est une culture de "gouvernail" et de "gouvernement": navigation et gouvernement de soi-même, gouvernement du collectif, gouvernement de personnes libres s'assemblant virtuellement sur la nouvelle agora du monde.
Le cyber nous fournit un "gouvernail", ce qui est beaucoup. Mais il nous revient de nous donner un cap. Et le meilleur cap, c'est "l'autre".
Extrait de: http://ciret-transdisciplinarity.org/bulletin/b12c7.php par Philippe Quéau
CYBER-MUSEE : MuseoMix ou l'esprit du Web qui souffle sur les musées
http://www.rslnmag.fr/post/2013/01/09/MuseoMix-quand-lesprit-du-web-souffle-sur-les-musees.aspx
CYBER-JOURNALISME
Le journalisme doit s'ouvrir selon Simon Rogers, data-journaliste pour The Guardian, lors de la conférence TEDx Panthéon Sorbonne dont vous trouverez un compte-rendu dans le lien URL ci-dessous.
http://www.rslnmag.fr/post/2013/01/03/Le-journalisme-de-donnees-est-il-le-nouveau-mouvement-punk-.aspx
DEMAIN TOUS CYBER-JOURNALISTES ?
Knight Center concludes its first massive open online course with outstanding student reviews
http://knightcenter.utexas.edu/blog/00-12349-knight-center-concludes-its-first-massive-open-online-course-outstanding-student-revie
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